Cette année j'ai planté des potimarrons pour la première fois dans mon potager. Avec près de 10 ans d'expérience au potager, c'est pourtant seulement la seconde fois que je me lance dans des cultures d'automne. Alors dès le printemps, j'ai semé, amandé, repiqué, arrosé, paillé pour finalement me rendre compte... Que j'avais un sérieux doute sur le stade auquel récolter mes potimarrons.

Il y a forcement un moment optimal n’est-ce pas ? Récolte trop tôt et tu auras une production de bien moindre qualité. Trop tard et tu perdras du temps pour rien. Au pire même, dans certain cas, ta production pourrira sur pied ! Tous ces efforts pour rien... quel gâchis !

Tu vois ou je veux en venir ? Il ne s'agit pas que de légumes ici. Faisons le tour du problème et voyons comment le résoudre.

Le problème de la production trop mûre

Je vois trop souvent des artistes s'attarder sur un morceau à s'en rendre malade. S'attarder au point que cette œuvre n'a plus de sens au moment où elle sort.

Il arrive que le message à faire passer ne soit plus si important des mois plus tard.
Parfois, l'esthétique du projet a évolué, ou pire encore, n'a pas pût évoluer à cause de ce titre bloqué dans les tuyaux.
Parfois encore c'est d'un point de vue technique que le travail réalisé semble avoir pris un coup de vieux. Pourtant dans tous les cas, du temps et de l'énergie a été investi mais n'a pas tout à fait été rentabilisé.

Une œuvre est faite pour être partagée. C'est ainsi qu'elle aura le plus de valeur pour toi. Mets en ligne tes contenus. Diffuse ta musique, fait la exister. Même si elle est imparfaite. Quelle ne reste pas enfouie au fond d'un disque dur.
Tu lui laisses ainsi la chance de laisser passer le temps sur elle.
Tu te laisses la chance d'écouter ta progression.

Comment alors atteindre la meilleure qualité possible ? Je crois bien que c'est non pas en repoussant la sortie de ton prochain morceau mais bien en passant au suivant. C'est en produisant et en produisant encore que tu gagneras en expérience. Que le niveau de qualité va augmenter naturellement.

À mon sens, tu as tout intérêt à multiplier les expériences plutôt que perdre ton temps sur des détails.

Produire plus afin de produire mieux.

Pour sortir plus de morceaux, tu n'as que deux solutions : passer plus de temps à faire de la musique, ou travailler plus rapidement. Comme je suis certain que tu passes déjà plus de temps que tu peux te le permettre à faire de la musique. Voyons donc la seconde option : accélérer le rythme de production.

Comment finir des morceaux plus rapidement ?

La loi de Parkison stipule que plus on dispose de temps pour réaliser une tâche, plus celle-ci va prendre du temps. Il va donc falloir te fixer des limites.

J'ai testé deux types de limites dans mon travail, la première, la plus évidente, est la deadline. "À telle date, cet EP doit sortir". C'est un bon début mais si tu as tendance à toujours repousser au lendemain, rien ne t'empêche de faire de même ici.

Le second type de limite s'est avéré bien plus efficace pour moi. Cela consiste à programmer des blocs de temps pour travailler en studio. Tous les jours je bloque deux ou trois heures le matin pour produire, mixer ou masteriser. Que ce soit la musique des autres ou la mienne. À midi, je sais que ma session est finie. Je ne me fais pas confiance, j'utilise un programme pour bloquer mon PC à partir de cette heure. Il me faudra attendre le lendemain pour continuer.

Cela me force à aller à l'essentiel, à continuer d'affiner ma pratique pour travailler rapidement.

Puisque mon temps de travail effectif est limité, il me faut gagner en efficacité. J'utilise donc tous les outils numériques à ma disposition pour accélérer le travail : raccourcis claviers, template, modèle de pistes, presets personnalisés...
Puisque mon agenda prévoit ces blocs de temps chaque jour, je n'ai aucune raison de continuer à travailler jusqu'à l'épuisement. Je sais que je pourrai continuer mon travail demain. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Pour te rapprocher de cette méthode, commence par analyser ta pratique. Prends des notes et identifie les tâches récurrentes afin de les automatiser. Identifie aussi toutes les opérations inutiles.

Simplifie. Va à l'essentiel.

Pour chaque morceau que tu finis, c'est certain, tu auras quelques regrets. "Haa si seulement j'avais passé plus de temps là dessus !". Identifie à quel stade tu aurais dû régler ce point qui te dérange.

Note-le. Et ne fais l'erreur qu'une seule fois.

À l'inverse, bien souvent, juste après la sortie, de petits détails vont te titiller les oreilles. Même si à chaud cela te semble important, crois moi, cela va s'estomper avec le temps. Là encore, prends note et ne perds plus jamais ton temps sur de tels détails. Personnellement sur ce point, je me crée une note numérique quelques jours après la sortie, et je me programme un rappel via mon calendrier pour en rédiger une nouvelle un an plus tard.

Je reviendrais d'ailleurs dans un futur article sur l'importance de la prise de note et de l'écrit en général... C'est un autre sujet.

Mais alors, la solution serait de raccourcir le cycle de maturation ? Passer au morceau suivant le plus vite possible ? Malheureusement cette approche peut aussi représenter un piège si tu n'y prends pas garde.

Le piège de la production immature

Je divise ma chaîne de production en trois étapes principales. La production (qui comprend l'écriture, l'enregistrement et l'arrangement), le mix et le mastering.

Le point à bien avoir en tête c'est que plus un problème est pris tôt dans la chaîne de production, plus il sera simple de le régler. Tu n'as pas idée du nombre de soucis de mixage qui pourraient être réglés en intervenant sur l'arrangement... De même, n'imagine pas atteindre de gros niveaux de sonie au mastering si le travail n'a pas été préparé comme il se doit à la production et au mix.

Travailler plus vite ne signifie pas passer sans réfléchir à l'étape de production suivante. Sinon c'est bien la qualité finale qui va en pâtir.

Mais alors comment savoir si la prod est prête à partir au mix ? Comment savoir si le mix est prêt pour le mastering ?

Et bien paradoxalement, là encore c'est en multipliant les expériences, en terminant des morceaux, que tu vas peu à peu intégrer la chaîne de production et jauger au mieux de la maturité d'un titre.

L'objectif n'est donc pas de viser la perfection mais d'acquérir une expertise des différentes étapes de production (même si tu en délégues une partie).

Si tu n'as pas encore cette expérience, demande de l'aide à des personnes qui ont fait ce chemin avant toi.

Un accompagnateur de studio dans la structure près de chez toi, l'ingé son avec lequel tu travailles, un autre artiste plus expérimenté de ton réseau... Quelqu'un de sincère qui pourra te dire s'il faut revoir ta copie avant d'avancer.

Chaque style, chaque studio, chaque workflow est différent. Il existe des règles de base mais c'est à toi de les adapter à ton cas précis et à ta musique.

C'est en produisant et en produisant encore, en testant plusieurs maturités que tu trouveras la réponse à la question :

"est-ce-que ma production est mûre ?"

Conclusion

Produire plus vite permet de produire une meilleure qualité grâce à l'expérience acquise en finissant un maximum de titres.

Tu sais donc ce qu'il te reste à faire :

• Analyse ta pratique, automatise et supprime les actions inutiles

• Fixe toi des limites de temps pour ton travail

• Entoure toi de personnes bienveillantes plus expérimentées que toi

• Diffuse un maximum de morceaux et prends des notes sur tes progrès et tes erreurs

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